jeudi 29 septembre 2011

Cartographie : les conflits économiques de demain

Minerais, pétrole, gaz ou matières premières agricoles : aujourd’hui tout peut être cartographié. En un clin d’œil, on peut obtenir l’état des réserves mondiales d’une matière première et savoir où on la trouve. Le journal de l’Intelligence Economique d’Ali Laïdi s’est intéressé à ceux qui fabriquent les cartes qui annoncent les conflits économiques de demain. 
http://www.france24.com/fr/20110910-2011-09-10-0410-wb-fr-intelligence-eco

La cartographie est à la mode. Dans la recherche, l’édition ou les médias, elle est devenue un outil d’analyse de plus en plus performant. Elle permet de dessiner les grandes tendances actuelles mais aussi celles à venir.
C’est le travail de Virginie Raisson, auteur de l’ "Atlas des Futurs du Monde" paru en 2011 aux Editions Robert Laffont. La chercheuse en Relations Internationales a adopté une démarche prospective et s’interroge sur l’état du monde en 2033. A quoi ressemblera notre planète à cette date si nous ne changeons pas nos modes de vie et de consommation ? Ses conclusions sont alarmantes ! Si nous ne changeons rien, en 2050 il nous faudra deux planètes et demie pour vivre !
La démarche de la chercheuse est multiple. Elle a notamment pour objectif "d’éclairer les décisions et le débat publics ainsi que les acteurs politiques et économiques dans les grandes orientations qu’ils doivent prendre dans les prochaines années".
Le Futur, voilà de quoi il s’agit ! Le travail de cartographie de Virginie Raisson rappelle que "le futur n’est pas écrit". "On a des choix à faire et il faut les faire vite parce que certaines échéances sont très proches !".
Les échéances sont climatiques, écologiques, sociales, environnementales mais aussi – et surtout ! – économiques !
Les ressources naturelles s’épuisent et l’homme vit à crédit. Selon des études américaines, l'épuisement du fer est prévu en 2042 et le cuivre en 2044. Quand au "Peak Oil", le moment où les ressources en hydrocarbures vont commencer à diminuer, il se situe entre 2010 et 2020 si l’on en croit l'ASPO (Association of Study for Peak Oil).
Philippe Durance, professeur associé au Conservatoire National des Arts et Métiers rattaché à la Chaire de prospective et invité sur notre plateau, nuance ces données : "la diminution des ressources pétrolières est à relativiser car selon les auteurs des graphiques, les dates diffèrent". En effet les réserves potentielles peuvent varier de manière importante puisque "le prix de vente du pétrole amène les industries à chercher des réserves qui auraient été plus difficiles à exploiter auparavant". On ne va donc pas vers l’affrontement pour les ressources, estime Philippe Durance.
Avoir une idée de ces échéances grâce à la prospective, "c'est une occasion pour nous apprendre à changer nos modes de vie, à être plus attentif à l'humain", explique-t-il en citant l’exemple de Totnes, une ville anglaise où 30% des 8000 habitants se sont lancés dans des programmes de réinvention de la vie quotidienne en partant du principe qu'il n'y avait plus de pétrole.
Changer. Cela concerne aussi les entreprises qui travaillent de pair avec les prospectivistes. "Leur gros problème dans cet esprit de compétition permanente, c'est de se dégager des marges de manœuvre", explique notre invité. Certains chefs d’entreprise l’ont bien compris et sont prêts à changer leur modèle de production. " Et ce n’est pas l’abandon du système capitaliste contrairement à ce que certains peuvent dire, c’est sa mutation " , estime le prospectiviste.
Appréhender le futur pour mieux s’en saisir : la prospective est bien loin de la cartomancie et la discipline a de beaux jours devant elle. "Engageons-nous dans un futur que nous choisissons plutôt que dans un avenir que nous voudrions plus tard éviter", conclut Virginie Raisson.

lundi 23 mai 2011

Economie mondiale : un avenir incertain pour les 3 - 5 prochaines années


Certains signes laissent entrevoir un rétablissement accéléré et une résilience croissante de l'économie mondiale, ce qui permettrait un retour à une politique plus traditionnelle. Il semble également que la montée en puissance des économies émergentes soit une tendance lourde et que la Chine notamment pourra mener à bien sa transition complexe vers le statut de pays à revenu moyen.

Malheureusement d'autres signes présagent une reprise économique chaotique. Dans les pays avancés, les taux de croissance prévus ne sont pas suffisants pour endiguer une dette et un déficit toujours à la hausse. Pour certains pays tels que la Grèce cela se traduit par un choix difficile entre la restructuration de la dette et la collectivisation des pertes. D'autres comme les USA seront contraints très rapidement de faire des sacrifices qui se traduiront probablement par une combinaison de montée de l'inflation, d'austérité et de "répression financière" [politique qui consiste à forcer les agents économiques à financer les déficits publics], les Etats cherchant à imposer aux épargnants des taux d'intérêt réels négatifs. Inutile de dire que l'évolution démographique, les contraintes liées aux matières premières et les incertitudes géopolitiques compliquent encore la situation.

Mais surtout, trop de budgets publics et privés sont déséquilibrés, alors que l'économie mondiale repose excessivement sur les actifs. De ce fait, il sera difficile au cours des 3 à 5 ans à venir de tenir nombre de promesses faites il y a déjà longtemps. En particulier tout un éventail de mesures sociales (par exemple en ce qui concerne la sécurité sociale et le droit à la retraite ou les indemnités chômage) pourrait être remis en question. Au niveau international, l'apport des USA à l'intérêt général (en particulier l'utilisation du dollar en tant que devise principale constitutive des réserves mondiales) pourrait diminuer progressivement. Dans la mesure où ce scénario est réaliste, les prochaines années suivront la même dynamique à vitesses différenciées que nous avons vu à l'ouvre récemment. Notamment :

- Les pays avancés seront confrontés à une croissance faible (disons 2%) et à un chômage élevé de plus en plus structurel (et par conséquent destiné à durer). Les disparités de revenus et de patrimoine déjà élevées vont continuer à s'accentuer, encore amplifiées par une inflation élevée et la répression financière. Le problème de la dette et du déficit continuera à se poser, avec la quasi certitude d'au moins une restructuration de dette souveraine en Europe.

- Les pays émergents parviendront à une croissance plus élevée (aux environ de 6%), tandis que le niveau de leur revenu et de leur patrimoine continuera à se rapprocher de celui des pays avancés. Cette évolution sera porteuse de nouveaux défis, notamment des pressions inflationnistes récurrentes et l'accroissement des entrées de capitaux, ce qui suscitera l'expérimentation de politiques innovantes.

- La solvabilité des différents pays continuera à diverger, avec une détérioration encore plus prononcée dans les pays avancés et des améliorations persistantes dans les pays émergents.

- Les différents taux d'inflation convergeront plus rapidement que prévu - celui de l'inflation globale qui est élevé et celui de l'inflation sous-jacente qui est faible, de même que celui des pays émergents qui est élevé et celui des pays sous-développés qui est faible.

- L'économie mondiale continuera cahin-caha sa transition d'un monde unipolaire vers un monde multipolaire.

Différents éléments pourraient venir se greffer sur ce scénario de base. Commençons par le coté positif. Les USA pourraient connaître leur "moment Spoutnik", autrement dit un sentiment d'unité nationale, d'un objectif commun et de sacrifices partagés, ce qui permettrait de procéder à des réformes visant à restaurer les différents équilibres à moyen terme, à soutenir la création d'emplois et à améliorer la compétitivité. L'Europe pourrait réformer la zone euro pour rendre sa dette supportable et doper la croissance. Les pays émergents pourraient augmenter le pouvoir d'achat de leur population, ce qui accroîtrait la demande mondiale.

Quant à l'économie mondiale, elle est confrontée à des défis de plus en plus nombreux pour faire face à la percée des pays émergents d'importance systémique.

Les réalignements sont complexes et désordonnés, notamment quand ils surviennent simultanément au niveau national et international et quand une croissance à vitesses différenciées, l'inflation et une dynamique de crédit sont simultanément à l'ouvre comme c'est le cas aujourd'hui. Les paramètres deviennent des variables, les rééquilibrages sont lents et inégaux et les responsables politiques sont confrontés à un nouvel équilibre entre bénéfices, coûts et risques.

Le monde qui paraît interconnecté de manière systémique se révélera aussi de plus en plus fragmenté en terme de manière de penser, avec une faible gouvernance et une faible coordination mondiale. C'est une économie mondiale dans laquelle il faut naviguer prudemment, de crainte que ceux qui voudraient bénéficier des changements n'en soient finalement les victimes.

jeudi 21 avril 2011

Pour un gouvernement mondial

« Un jour, l’humanité comprendra qu’elle a tout à gagner à se rassembler autour d’un gouvernement démocratique du monde, dépassant les intérêts des nations les plus puissantes, protégeant l’identité de chaque civilisation et gérant au mieux les intérêts de l’humanité.
Un tel gouvernement existera un jour. Après un désastre, ou à sa place.
Il est urgent d’oser y penser, pour le meilleur du monde.
» Jacques Attali.





Jacques Attali, fervent partisan d’une vraie gouvernance mondiale, d’une démocratie à l’échelle mondiale, d’une monnaie mondiale,vient de publier chez Fayard « Demain, qui gouvernera le monde ? ». En fait, ce titre est inapproprié car ce n’est pas à cette question que répond le livre, mais plutôt dans l’ordre :

1- Quelles catastrophes vont encore nous tomber dessus si nous continuons ainsi dans un tel chaos, dans un concert des nations sans chef d’orchestre, jouant le sauve-qui-peut, la préservation des intérêts de chacune à court terme au détriment de l’intérêt général à long terme ? Une vision d’avenir effrayante, des projections argumentées par des chiffres imparables … Désordres financiers en chaîne, démographie hors de contrôle, guerres en cascade, pénurie de matières premières et de denrées alimentaires, destruction de la nature et des espèces, chocs probables d’astéroïdes,… rien ne nous sera épargné d’ici 2030 si le monde continue ainsi sa course.

2- En quoi les pouvoirs politiques, cantonnés au niveau des nations et parfois de continents (Europe) sont devenus impuissants face au pouvoir grandissant des marchés dans la mondialisation, de la pieuvre des mafias et du terrorisme, des pandémies ? En quoi ce qu’on appelle « la communauté internationale », l’ensemble des ONG et institutions internationales (ONU, OMC, OIT, FMI, Banque mondiale, les Gx, etc.) est insuffisant, mal coordonné, souvent inefficace, parfois illégitime sur le plan démocratique, pour résoudre les immenses défis écologiques, démographiques, alimentaires, sanitaires, énergétiques, économiques et financiers, météorologiques, etc. qui surgissent en même temps ?

3- Quel seraient la structure et le mode de fonctionnement d’un gouvernement mondial idéal, avec légitimité démocratique et doté de moyens d’action appropriés, de pouvoirs de sanction, qui au-delà d’un dispositif permettrait d’élaborer, de construire, de financer de véritables projets mondiaux d’intérêt général, de préserver les biens publics, d’assurer à tous un accès équitable à l’eau, à l’énergie, aux matières premières ?
Un projet fédéral et fédérateur, qui assure la subsidiarité (les Etats nationaux et supranationaux comme l’Europe délégueraient au gouvernement mondial uniquement les compétences qui relèvent des problèmes qui ne peuvent être résolus qu’à ce niveau supra). Envisager un Parlement élu par les citoyens du monde, un Sénat représentant les nations, une chambre garantissant les intérêts des générations futures sous tous les aspects, un gouvernement exécutif nommé par les trois chambres, un système judiciaire crédible …

4- Comment passer de la situation actuelle à ce gouvernement idéal ? Il ne s’agit pas de casser les instances multilatérales existantes mais de les transformer et de les faire évoluer tout en les complétant vers le gouvernement idéal, en garantissant leur coordination, la cohérence de leurs actions : par exemple le FMI deviendrait ministère des finances du monde, la BRI la Banque centrale mondiale, avec une monnaie fondée sur trois piliers : le dollar, l’euro, le yuan, la Banque mondiale le financier des biens publics mondiaux et l’acteur de la croissance planétaire. Le regroupement de peuples, de nations, dans des ensembles régionaux pas nécessairement disjoints (par exemple la Turquie pourrait à la fois être membre d’une Union européenne et d’une Union orientale, ou encore des regroupements sur la culture et la langue, sur des thèmes tels que le nucléaire ou la production de matières premières,…). Sans oublier les nouvelles formes d’action citoyenne transnationale dans une démocratie mondialisée, avec l’aide d’Internet et des réseaux sociaux.

5- Quelles réformes proposer et quels chantiers prioritaires lancer ?


mercredi 25 août 2010

Le futur de l’internet, selon Vint Cerf

vint-cerf


Vint Cerf est l’un des ingé­nieurs qui a marqué de son empreinte le déve­lop­pe­ment de l’internet, de l’email, et bien d’autres choses que nous uti­li­sons quo­ti­dien­ne­ment aujourd’hui. Depuis 2005, il tra­vaille chez Google en tant que ‘Chief Internet Evangelist’


Au prin­temps der­nier, il a donné une confé­rence dans les locaux de Google appe­lée «Imaginer à nou­veau l’internet». Les 80 minutes que durent son exposé méritent d’être vision­nées en inté­gra­lité (sous titré en anglais, et assez facile à suivre) Attendez-vous a décou­vrir des idées qui peuvent vous sem­bler folles, pour Vint Cerf, elles pour­raient être le futur de l’internet.
L’internet des objets et le web interplanétaire

Vint Cerf nous raconte l’histoire d’un réseau de cap­teurs qu’il a ins­tallé à son domi­cile comme l’exemple du défer­le­ment pro­chain de cap­teurs de don­nées omni­pré­sents qui consti­tue­ront une large part de l’internet des objets. Là où il y a des don­nées, il y a de la place pour de l’innovation et des ser­vices à valeur ajou­tée. Ce sujet nous est cher, chez ReadWriteWeb. Si ce concept est nou­veau pour vous, je vous conseille cette excel­lente vidéo d’introduction au sujet.


Ensuite, Cerf évoque le web inter­pla­né­taire, un sujet dont je dois avouer j’ignorait tout jusqu’ici. C’est une ini­tia­tive à long terme, des­ti­née à ras­sem­bler tous les pays enga­gés dans l’exploration spa­tiale, afin de leur faire adop­ter un stan­dard adapté à la com­mu­ni­ca­tion spa­tiale, et qui ferait d’un engin spa­tial une balise une fois leur mis­sion ache­vée. C’est un projet pour lequel Cerf s’est per­son­nel­le­ment engagé, et qui, c’est le moins que l’on puisse dire, est plu­tôt cool.


Réalité aug­men­tée et inter­faces neuronales
Cerf parle de connec­ti­vité omni­pré­sente, qui aug­men­te­raient notre rap­port sen­so­riel avec le monde réel, et assu­re­raient une inter­face sen­so­rielle avec l’internet. Un implant céré­bral Google ? On en est pas encore là, mais on s’en approche.

Anticiper l’avenir des tech­no­lo­gie est notre rai­son d’être, ici, chez ReadWriteWeb, et c’est la pas­sion qui nous réuni tous et nous donne l’envie d’écrire et d’en par­ler. Quand l’un des inven­teur de l’internet nous offre sa vision, c’est un pri­vi­lège de l’écouter nous par­ler de ce qui nous attend, selon lui, demain, sur internet.

La vision que Vint Cerf par­tage de l’avenir qui attend inter­net est enthou­sias­mante, et vous, quelle est la votre ?

vendredi 25 juin 2010

L'avenir de l'énergie en Europe, par le nouveau commissaire européen à l’énergie

Commissaire européen à l’énergie depuis quelques mois, Günther Oettinger souligne l’importance d’une stratégie commune dans le domaine de l’énergie en Europe. Il précise les grandes orientations de ce projet, et le besoin de simplifier les procédures pour agir ensemble.


lundi 24 mai 2010

Avenir de la filière Nucléaire : rapport classé secret défense


http://info.france2.fr/france/avenir-de-la-filiererapport-classe-secret-defense-63203927.html

Un rapport sur l'avenir de la filière nucléaire française "a été classifié secret défense", a confirmé vendredi l'Elysée
"Il donnera lieu à des décisions dans les semaines qui suivent", ont indiqué les services de Nicolas Sarkozy. Rédigé par l'ex-président d'EDF François Roussely, il doit donner des pistes sur "l'évolution du nucléaire civil à l'horizon 2030".

Que contient le rapport ?
Selon Les Echos, le rapport proposerait de créer un groupement d'intérêt économique (GIE) regroupant les grands acteurs de l'industrie nucléaire française. Lequel GIE serait chargé de "défendre les couleurs de la France à l'étranger".

François Roussely et les experts qui l'épaulent ont auditionné quelque 200 personnes.
La publication de son rapport était initialement attendue pour fin avril.

L'Etat va "mettre de l'ordre" dans la filière, avait promis Nicolas Sarkozy mi-mars. "Au minimum, il faut que la filière s'organise pour que les équipes de France ne se fassent pas concurrence de façon contre-productive", avait-il jugé.

L'industrie nucléaire française a laissé éclater ses querelles au grand jour en début d'année, quand Areva et EDF se sont écharpés sur des contrats de recyclage et d'enrichissement d'uranium. A tel point que le Premier ministre François Fillon avait dû intervenir en convoquant à Matignon les deux dirigeants de ces groupes publics, Anne Lauvergeon (Areva) et Henri Proglio (EDF).

La guerre du nucléaire avait été ravivée en novembre par la volonté de Henri Proglio, de faire d'Electricité de France le "leader" de la filière.

La conclusion d'un traité de paix entre les belligérants, ou tout au moins d'un armistice, est essentiel pour le secteur du nucléaire français, longtemps leader mondial. Au niveau mondial, les perspectives sont florissantes: quelque 500 réacteurs nucléaires pourraient être mis en service dans le monde d'ici à 2030, un marché de plusieurs centaines de milliards d'euros.

mercredi 2 décembre 2009

L'Afrique , notre avenir

Selon les statisticiens l’Afrique vient de franchir le seuil du milliard d’habitants : elle abrite désormais un humain sur sept, alors qu’elle n’en accueillait qu’un sur dix en 1950, et en accueillera un sur cinq en 2050, soit 2 milliards d’habitants. Ce n’est qu’un des signes qui fait de l’Afrique, principal lieu de misère, une source de croissance et la matrice de notre avenir.

L’Afrique est d’abord le lieu de toutes les souffrances: une durée de vie moyenne inférieure de 15 ans à la moyenne planétaire ; une mortalité infantile vingt fois plus élevée qu’en Europe de l’Ouest ; un taux d’exode rural le plus élevé du monde ; avec la multiplication des bidonvilles et le délabrement des infrastructures ; la moitié de son territoire, qui abrite la moitié de la population, est désertique ; une famine permanent et un manque d’eau, qui s’aggraveront avec le changement climatique, entraineront d’immenses mouvements de populations.

L’Afrique est aussi le poumon écologique de la planète : De ses forêts, qui couvrent environ 22 % du continent (et même 45 % de l’Afrique centrale, en particulier avec le bassin du Congo, deuxième forêt du monde) dépend la maitrise des gaz à effet de serre, la protection de la diversité, la stabilisation des sols, la qualité et l’écoulement des eaux.

L’Afrique est aussi un des moteurs de la croissance mondiale, avec une croissance supérieure, depuis des années, à la moyenne mondiale, et encore supérieure à 2% en 2009 contre 5% auparavant, ce qui n’est pas assez pour empêcher des millions d'Africains de retomber dans la pauvreté extrême.

L’Afrique est enfin le lieu de toutes les promesses : c’est le continent le plus riche en matières premières (pétrole, minerais, produits agricoles) ; c’est le continent le plus jeune (43 % des Africains subsahariens ont moins de 15 ans ; dans le seul Nigéria, il nait chaque année plus d’enfants que dans l’ensemble de l’Union Européenne ; l’Uganda est le pays le plus jeune du monde, avec 56% de moins de 15 ans) ; une scolarisation en pleine explosion ; une natalité de mieux en mieux maitrisée, en particulier au Maroc, en Tunisie, au Sénégal, en Afrique du Sud et au Kenya ; une espérance de vie en hausse de 16 ans depuis 1950 ; des marchés financiers qui s’ouvrent partout ; des universités qui progressent ; des connections internet bouleversées par la mise en service de deux câbles sous-marins ; des changements de mentalités incroyablement rapides; une gouvernance qui s’améliore, malgré le maintien, trop souvent, du népotisme et de la corruption.

Aussi, nous, en Europe et en particulier en France, devrions considérer l’Afrique comme un formidable potentiel de croissance, bien plus proche de nous que tous les autres géants qui nous fascinent. Si l’on sait y organiser des partenariats pour y développer sur place les ressources naturelles, au lieu de les abandonner aux Chinois et aux Américains, une fois de plus ligués contre les Européens. Si l’on sait compléter la zone Franc par d’autres institutions de coopération, stabilisant les cours des matières premières et valorisant le formidable potentiel créatif du continent. Si l’on sait ainsi, au-delà de tout altruisme, dont il ne faut rien attendre, préparer notre avenir, en nous accrochant à cette formidable locomotive.

Article de Jacques Attali publié dans le blog de l'express

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